Histoires

Le Peuple vosgien

Le Peuple Vosgien paraît à Remiremont de 1849 à 1851. Il est de nouveau édité en 1908 jusqu’en 1913.

Le Peuple vosgien
1849-1851

Le Peuple vosgien, journal de la République démocratique

Un journal politique

La Révolution de 1848 marque un bouleversement dans le paysage politique. En effet, la France voit la monarchie s’éteindre et l’apparition de la IIe République. Louis-Napoléon Bonaparte en devient l’unique président. Dans ce contexte particulier, la presse devient un moyen d’expression. Le Peuple Vosgien, paru pour la première fois le 15 décembre 1849 à Remiremont, est le premier journal socialiste et représente le centre de l’opposition radicale du département. Le journal tient tête au préfet et s’oppose au pouvoir en place. Le journal était signé Adolphe Thérin, que les pouvoirs publics surveillaient du fait de son habileté à rassembler les socialistes du département. Il fut remplacé quelques temps après par Selme-Davenay, figure socialiste et envoyé spécialement de Paris par les dirigeants du parti, et qui acheta le journal en juillet 1850.

 
La visée du journal

Le journal connaît dès ses débuts un certain succès qui lui permet de doubler sa périodicité. Il avait pour objectif de défendre les intérêts du peuple. Son prix modique le mettait à la portée des citoyens les moins aisés, leur permettant ainsi de participer à la vie politique. Adolphe Thérin voulait que Le Peuple Vosgien devienne l’expression de la démocratie vosgienne et réponde aux besoins d’éducation morale et politique, ainsi qu’au besoin d’émancipation du peuple. En outre, la rédaction invitait les citoyens à collaborer, à discuter entre eux et à communiquer leurs idées, car pour elle, le journal était l’affaire de chacun d’entre eux, d’où le nom du périodique.
De plus, le journal participe activement à l’organisation du parti socialiste dans le département en prenant part aux différentes campagnes menées.
Le Peuple Vosgien connaît des adversaires, comme le Journal des Vosges. Le gérant de ce périodique, Alexis Cabasse, était considéré comme l’ennemi des socialistes. Le préfet des Vosges, Eugène d’Epercy, mena lui aussi une guerre contre le journal qui s’opposait ouvertement à son autorité et publiait des articles péjoratifs sur sa personne.


Les feuilletons

Le Peuple Vosgien proposait des feuilletons écrits par de jeunes auteurs. Le journal faisait appel à une agence basée à Paris : la Société de correspondance littéraire. Les intentions propagandistes de la rédaction étaient affichées dans les choix des fictions. La forme la plus utilisée est la forme dialoguée ou épistolaire, afin de rendre cela plus attrayant pour le lecteur. Les lettres fictives étaient ainsi adressées aux paysans dans une langue simple. On observe donc des écrits commençant par cette expression : « Mes chers paysans… ». La volonté était d’attirer l’attention, de faire réfléchir et de gagner des partisans.


La disparition du journal

Le préfet du département attendait la première l’occasion d’interdire le périodique. Il trouva des erreurs quant à l’organisation interne et envoya à la fois le rédacteur en chef et l’imprimeur au tribunal correctionnel. Ces derniers furent emprisonnés, et la publication du journal devint impossible. Le dernier numéro paraît le 14 février 1851.

 

Une nouvelle édition et un changement politique

Le Peuple Vosgien réapparaît toutefois en 1908, sous une couleur politique différente. La IIIe République instaura au début du XXe siècle une politique de laïcisation clairement anticléricale, à l’image des lois de 1904 et 1905. On voit alors se développer une presse catholique, représentant l’Église et ses valeurs. Le Peuple Vosgien devient un journal conservateur et nationaliste. Il cessera de paraître en 1913.

 

Voir tous les numéros numérisés du Peuple vosgien


Sources

Alexandre, Philippe, Histoire abrégée de la presse périodique dans le département des Vosges 1772-1992, Université de Nancy II, 1992
Alexandre, Philippe, La presse dans les Vosges, Vol. 1 : 1821-1871, 1983
Alexandre, Philippe. Le Peuple vosgien. Histoire du premier journal socialiste des Vosges, p. 55-84