L’Exposition universelle de Metz

La ville de Metz possède la distinction d’avoir été la quatrième ville à organiser une Exposition universelle, après Londres en 1851, New York en 1853 et Paris en 1855. Ces grandes manifestations, qui célèbrent à la fois la culture et les progrès techniques de l’époque dans les sciences et l’industrie, offrent à la ville organisatrice la possibilité de bénéficier d’un rayonnement international. Metz a ainsi saisi l’occasion d’organiser une Exposition universelle en 1861 pour affirmer son statut de ville majeure en France et en Europe.

Metz ne devait pourtant à l’origine organiser qu’une simple manifestation régionale. En effet, suivant le souhait de Napoléon III, un Concours agricole devait être organisé chaque année dans une région de France à partir de 1857, et Metz avait alors été choisie pour être le siège de l’édition de 1861 pour la région de l’Est.

En 1859, l’Académie impériale de Metz a cependant fait la proposition de compléter ce concours par l’organisation d’une « Exposition de l’Industrie et des Beaux-Arts ». La demande pour organiser l’évènement fut faite officiellement le 2 février 1860 par le Conseil municipal de Metz. Une Commission générale fut constituée pour préparer l’organisation du Concours agricole et de l’Exposition. Celle-ci avait à sa tête le maire de Metz, Félix Maréchal.

Préparation et déroulement de l’évènement

L’Exposition, qui a bénéficié du patronage officiel de l’Impératrice Eugénie, s’est déroulée pendant quatre mois, de juin à septembre 1861, à la suite du Concours agricole qui a eu lieu en mai. La tenue de l’évènement a bien sûr nécessité l’aménagement d’espaces au sein de la ville et la construction de nouveaux bâtiments pour accueillir les exposants et les visiteurs. Trois lieux principaux ont été choisis pour l’Exposition : l’Esplanade, la place Royale (aujourd’hui place de la République) et le jardin Boufflers. Ces vastes espaces qui appartenaient à l’ancienne citadelle constituaient à l’époque le lieu idéal pour recevoir une manifestation de cette ampleur au cœur de Metz.

Des galeries en bois et des pavillons ont été construits pour abriter les exposants. La plus longue galerie, située sur la place Royale, était réservée à l’Industrie. Deux autres galeries de moindre ampleur ont accueilli les Machines, les Beaux-Arts et la Musique. Sur l’Esplanade se trouvait un espace dédié à l’Horticulture, avec une galerie et un jardin qu’il était possible de visiter tout au long de l’Exposition.

L’ouverture officielle a eu lieu le 26 mai, mais les galeries n’ont été ouvertes au public qu’à partir du 1^er juin. Plus de 2 300 exposants étaient présents à l’évènement, et pas moins de 200 000 visiteurs venus de France et des pays voisins se sont pressés pour admirer les derniers produits de l’art et de l’industrie de l’époque. De multiples festivités (concerts, bals, régates…) et conférences ont ponctué le déroulement de l’évènement jusqu’à sa clôture officielle le 13 octobre, qui a donné lieu à un grand défilé de chars célébrant l’Industrie et ses diverses professions.

L’Exposition universelle de Metz : journal de l'agriculture, du commerce, de l'industrie et des beaux-arts est un périodique éphémère créé et publié par l’imprimeur Alfred Rousseau, éditeur-gérant d’autres journaux locaux tels que Le Vœu national ou L’Austrasie, afin de couvrir le déroulement de la manifestation messine. Le premier numéro est publié le 3 mars 1861 et paraît d’abord le dimanche sur un rythme hebdomadaire. Le périodique relate les préparatifs de l’Exposition puis, avec l’ouverture officielle de la manifestation fin mai, il adopte une parution bi-hebdomadaire, un numéro étant publié les jeudi et dimanche de chaque semaine. Il continuera de paraître jusqu’au 29 septembre 1861, totalisant 45 numéros.

Dès le premier numéro le directeur et rédacteur principal revendique l’indépendance de son journal, qu’il présente comme « libre de tout engagement avec l’administration de l’Exposition comme avec les exposants ». Bien qu’il qualifie son périodique de « journal officieux », dans les faits L’Exposition universelle est ce qui se rapproche le plus d’un journal officiel de la manifestation, servant notamment de relais pour les communications de la Commission générale de l’Exposition.

Les pages des premiers numéros du journal sont utilisées pour publier les divers règlements de la manifestation ainsi que la longue liste des exposants, mais avec l’ouverture de l’Exposition d’autres rubriques vont voir le jour. La partie principale du journal est consacrée bien entendu à une revue critique de l’Exposition et des produits et inventions remarquables proposés par les exposants. Le périodique remplit aussi une fonction plus pratique, fournissant des nouvelles locales relatives à la manifestation ainsi que des informations sur le programme des festivités accompagnant l’Exposition. La quatrième et dernière page est quant à elle réservée aux publicités et autres annonces de commerçants locaux.

Participation d’une ville de province au « culte du progrès »

Le journal a la particularité d’avoir été conçu au sein même de l’Exposition, sur une presse anglaise à vapeur capable d’imprimer « mille exemplaires à l’heure ». Les visiteurs pouvaient ainsi admirer la machine en action et repartir ensuite avec un exemplaire fraîchement imprimé ! Les articles reflètent d’ailleurs de manière générale cette croyance typique du XIX^e siècle dans les vertus du progrès technique, qui se traduit notamment par une fascination teintée de mysticisme pour la « machine » et ses « mystères »… Faisant une description des espaces de l’Exposition dans le numéro 24 (11 juillet 1861), le rédacteur s’attarde ainsi dans le bâtiment des Machines pour décrire « une roue gigantesque, mise en mouvement par un générateur puissant » qui « distribue sur une longue ligne la force motrice et initie le public aux mystères de la mécanique perfectionnée ».

Bien que de grande ampleur, l’Exposition universelle de Metz ne pouvait manquer de s’inscrire dans l’ombre des autres grandes manifestations qui l’ont précédé, notamment l’Exposition universelle de Paris en 1855. En arrière-plan de la manifestation se devine en effet un conflit entre Paris et la province, cette dernière souhaitant elle aussi affirmer, face au mépris ou à l’indifférence de la capitale, son importance sur les plans culturel et industriel.

Ainsi nous pouvons voir, dans le numéro 17 (16 juin 1861), le journal s’étonner de « la sobriété avec laquelle la presse parisienne parle de [son] Exposition » et se lamenter sur le fait que « telles feuilles à format gigantesque […] n’ont pas encore trouvé une place de dix lignes pour mentionner à titre de faits divers l’existence même de l’exhibition messine ». Pourtant, quelques jours plus tard, Le Monde illustré publiera bien un article élogieux sur l’Exposition universelle de Metz dans son numéro du 22 juin 1861, accompagné d’illustrations qui nous offrent une représentation visuelle précieuse d’un évènement dont il ne reste aujourd’hui quasiment plus de traces.

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Sources :

- Archives Municipales de Metz, « Metz en 24 fêtes : l’Exposition Universelle de 1861 », 2020, consulté le 28/06/1861 sur la page Facebook des Archives Municipales de Metz.
- Jean-Julien Barbé, Les Journaux de la Moselle : bibliographie et histoire. Metz : Imprimerie Lorraine, 1928.
- Catalogue Général de l’Exposition universelle de Metz de 1861. Metz : F. Blanc, 1861.
- Foire internationale de Metz, Centenaire de l’Exposition universelle de Metz : 1861-1961. Metz : Ch. Merfeld, 1961.
- Le Monde illustré, 5^e année, n° 249, 22 juin 1861, consulté le 28/06/2021 sur Gallica.
- Miss Media Blog, « Metz, 1861 : une exposition universelle impériale », 2016, consulté le 28/06/1861 sur le blog des BMM.