Histoires
Le Journal des Vosges
Le Journal des Vosges est un hebdomadaire spinalien qui fut édité entre 1832 et 1874.
Le Journal des Vosges : politique, agricole et littéraire
Le Journal des Vosges paru pour la première fois le 15 novembre 1832 à Épinal. Il est édité par le spinalien Pierre-Hyppolite Faguier. Dans les années 1830, la France connaît un bouleversement politique majeur avec la mise en place de la Monarchie de Juillet. Cela entraîne des protestations. La presse se développe et devient une presse d’opinion comme le fut La Sentinelle des Vosges.
Un journal politique
Le Journal des Vosges était favorable et proche du parti du Mouvement représentant la gauche dynastique. Le parti du Mouvement, aile de l’orléanisme dont Jacques Laffitte était l’inspirateur, était partisan d’un régime plus démocratique. C’était le principal parti d’opposition mais il ne remettait pas en cause la Monarchie de Juillet. Le périodique s’opposait essentiellement au ministère.
Le Journal des Vosges comptait 43 abonnés sur 26 communes.
Ligne éditoriale
Le ton du journal restait modéré, l’argumentation réfléchie et solide. Le journal voulait être objectif et constructif. L’opposition au régime n’était pas systématique : le Journal des Vosges se déclarait prêt à soutenir le gouvernement dans la mesure où il avait à cœur d’améliorer l’ordre social. Il se distinguait ainsi du ton radical de la Sentinelle des Vosges éditée à la même époque.
Néanmoins, le journal inquiétait le préfet, qui craignait que l'hebdomadaire puisse séduire de plus en plus de Vosgiens. Faguier comparut ainsi devant le tribunal correctionnel d’Épinal pour une contravention à l’article 11 de la loi du 25 mars 1822, relative à la répression et à la poursuite des délits commis par la voie de la presse. Suite à la pression exercée par la préfecture, Faguier a été contraint, dès 1834, de transformer son journal politique en simple feuille d’annonces hebdomadaires, afin de préserver son affaire. Ce changement perdura jusqu’en 1848. À la mort de Faguier en 1837, c’est Alexis Cabasse, imprimeur et libraire, qui reprit le journal en tant qu’imprimeur gérant.
Feuille d’annonces
À partir de 1834, le Journal des Vosges est contraint de se détourner de la politique et devient une feuille d’annonces. Alexis Cabasse, à la suite de Faguier, imprima des annonces et quelques commentaires sur des médicaments et les nouveautés littéraires. En 1842, la feuille proposait un feuilleton, des comptes-rendus d’Assises et des commentaires sur les représentations données au théâtre d’Épinal.
Coup d’éclat
Suite à la Révolution de 1848, qui voit la fin de la Monarchie de Juillet et le début de la IIe République, le Journal des Vosges redevient un journal engagé politiquement soutenant les orléanistes vosgiens. Il a été le premier journal du département à proposer des dépêches télégraphiques pour les nouvelles générales. Les premiers numéros portaient des proclamations, rédigées par Léopold Turck, commissaire de la République, ou par des membres du gouvernement provisoire à Paris. Le choix des articles avait pour objectif d’entretenir l’ardeur patriotique et révolutionnaire.
Cependant, après le coup d’État de Napoléon Bonaparte en 1851 qui renverse la République et instaure l’Empire, la liberté de la presse s’en trouve menacée. Ayant soutenu des candidats de l’opposition pour les élections de 1852, le journal avait vivement contrarié la préfecture. En 1853, le préfet accorda au Courrier des Vosges l’exclusivité des annonces judiciaires. Elles constituaient un apport économique souvent indispensable pour la survie des journaux. Le préfet souhaitait ainsi contraindre le Journal des Vosges à cesser sa parution faute de revenus. Le journal s'éteint le 15 mars 1853.
Fin du journal
Le Journal des Vosges est de nouveau édité en 1871 par les orléanistes. Le périodique paraissait trois fois par semaine à l’image de son concurrent républicain le Mémorial des Vosges. Il avait un tirage équivalent : environ 1 000 exemplaires. Il bénéficia très vite de soutien financier de la part des chefs du parti conservateur du département mais disparaît malgré tout en 1874.
Pierre-Hyppolite Faguier
Pierre-Hyppolite Faguier était fils de notaire. En 1830, il obtient son brevet d’imprimeur et rachète l’imprimerie Vautrin. La même année, il devient l’imprimeur attitré de la ville d’Épinal. Après avoir imprimé la Sentinelle des Vosges, il se sépare des républicains et fonde en 1832 le Journal des Vosges. Il en fut le propriétaire et le seul gérant jusqu’à sa mort en 1837. Il fut poursuivi dès l’édition du premier numéro pour retard dans le dépôt des pièces requises.
Sources
Alexandre, Philippe, Histoire abrégée de la presse périodique dans le département des Vosges 1772-1992, Université de Nancy II, 1992
Alexandre, Philippe, "De l’almanach civique au quotidien départemental" dans les Annales de l’Est, 2000, n° spécial, p. 245-268
Alexandre, Philippe, La presse dans les Vosges. Vol. 1 : 1821-1871, 1983