Histoires

Le Télégramme des Vosges

Le Télégramme des Vosges est un quotidien qui fut édité de 1918 à 1940.

Le Télégramme des Vosges
1918-1940

Le Télégramme des Vosges

La création du journal


Le Télégramme des Vosges est un quotidien conservateur et clérical dont la direction est assurée par l’abbé Henri Barotte. Il a été créé le 10 octobre 1918 avec le soutien financier de Louis Calba, commerçant spinalien fortuné, sous couvert d’une société anonyme. Parmi les actionnaires, on note majoritairement des industriels et des commerçants et un député, Maurice Flayelle.

Le journal s’impose rapidement et, quelques mois plus tard, tire à 8 000 exemplaires. Il devient ainsi le premier quotidien du département. Après 1920, son tirage était de 11 000, puis en 1939 de 20 000 exemplaires.
 

Un journal politique

 
Il a été un organe de l’Union Nationale Républicaine, qui réunissait les partis de droite et d’extrême-droite. Il avait une ligne éditoriale très cléricale, républicaine et engagée à droite et par conséquent était anti-socialiste, anti-communiste et hostile aux internationalistes. Le journal n’échappe cependant pas à la censure. Selon le préfet, l’influence du Télégramme des Vosges était importante dans le département et notamment dans les milieux ruraux.

Lors de sa création en 1918, le journal fait l’objet d’une enquête particulière, notamment sur ses rédacteurs. Ainsi, le commissaire de police dit de l'abbé Henri Barotte qu’il est « réputé intelligent, actif et intrigant ; du gérant Roussel qu’il est un « réactionnaire militant » et de Collot qu’il est « l’imprimeur de tous les journaux de la réaction et de toutes les feuilles religieuses ».
Le journal est racheté en 1924 par l'Éclair de Nancy, dont il deviendra l’édition locale. Le journal disparaît le 14 juin 1940, l’arrivée des troupes allemandes étant imminente.
 

Barotte (1864-1924)

Henri Barotte est un prêtre et journaliste ayant vécu à Épinal. Ordonné prêtre en 1888, il est ensuite nommé curé à Thaon en 1902. En 1907, l’évêque le nomme à la toute nouvelle direction du bureau des œuvres diocésaines. Il est responsable de diverses associations dont la Ligue des femmes françaises et l’Apostolat des laïcs. L’abbé Barotte prend en charge le Bulletin paroissial vosgien.

Il accorde une grande importance à la presse. En 1915, sous son impulsion est créé le Foyer vosgien, journal hebdomadaire dont le tirage atteindra 21 000 à 23 000 exemplaires en 1919. En 1917, l’abbé Barotte fonde le Télégramme des Vosges. Il demande alors à M. Grave, directeur de la Volonté Nationale, journal imprimé à Paris, d’en prendre la direction. Ce dernier part en 1924, et le chanoine Barotte reprend le journal avec l’aide du journaliste Pol Ramber et d’autres collaborateurs. Afin d’imprimer leurs journaux, l’abbé Barotte et l’abbé Idoux fondent l’imprimerie coopérative Saint-Michel.

Barotte est nommé chanoine honoraire de la cathédrale, vicaire général honoraire et directeur honoraire des œuvres diocésaines par l'évêque Monseigneur Foucauld. Il décède en 1924.

 

Voir tous les numéros numérisés du Télégramme des Vosges.


 
Sources 

Alexandre, Philippe, Histoire abrégée de la presse périodique dans le département des Vosges, 1772-1992, Université de Nancy II, 1992
 
Ronsin, Albert, Les Vosgiens célèbres. Dictionnaire biographique illustré, Editions Gérard Louis, 1990
 
Alexandre, Philippe, "De l’almanach civique au quotidien départemental", dans les Annales de l’Est, 2000, n° spécial, p. 245-268
 
Dupoirieux, Denis, Le Télégramme des Vosges. Journal quotidien d’information 1918-1940, École Normale d’Épinal, 1975
 
Alexandre, Philippe. La Grande Guerre et la presse vosgienne, 1914-1919, Conseil général des Vosges, 2009, p. 29-39