Journal satirique et loufoque, l'Écho de Maréville paraissait sous les aspects les plus inattendus. « Mais dans les articles fantaisistes de son rédacteur, on trouvait souvent plus d'un grain de sagesse ».

L'Écho de Maréville
L'Écho de Maréville

L'Écho de Maréville se définit comme un « journal loufoque illustré et peu littéraire, paraissant à l'improviste ».

Paru de 1899 à 1925 avec une périodicité irrégulière, ce journal nous plonge dans le registre de la dérision. D’entrée de jeu, le lecteur est prévenu : c’est un journal « loufoque, illustré et peu littéraire, paraissant à l’impoviste ». Le titre fait reférence à l’hôpital psychiatrique de Maréville près de Laxou. Le « cabanon » de la rédaction n’est en réalité pas situé à Maréville mais rue de la Pépinière à Nancy : tout indique l’ironie des articles qui vont composer ses colonnes.

Les sujets abordés s’inscrivent dans l’actualité et les faits divers locaux de l’époque, mais ils sont tellement revisités et tournés en dérision que le lecteur d’aujourd’hui peut rencontrer des difficultés à entrer dans l’univers personnel du journaliste. Les « informations » communiquées, si elles semblent parfois se baser sur des faits réels – ou, à tout le moins, s’inscrire dans une actualité connue –, les anecdotes ajoutées, le récit, orientent chaque article vers l’absurde avec une volonté évidente de moquer et de désacraliser la vie politique, toutes tendances confondues. La « ligne politique [est] semblable à celle des chameaux (…) un peu flottante » selon Osvald Leroy, le rédacteur en chef des Étrennes Nancéiennes. Les thèmes abordés dans les unes du journal n’en demeurent pas moins d’actualité : la séparation des Églises et de l’État, l’armée, les grèves, le repos hebdomadaire, les impôts…

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L'Écho de Maréville : séparation des Églises et de l'État

Si les quatre pages intérieures ne comportent aucune illustration, la une lui fait la part belle avec un dessin, en noir et blanc ou en couleur, et en pleine page. Les dessinateurs aux pseudonymes loufoques se succèdent les premières années (Loup Stick, Michel Ange, Rose Deschamps, St Anne, etc…) puis à compter du numéro 53, en 1902, K Randache (en clin d'oeil au dessinateur parisien Caran d'Ache) va devenir l’illustrateur principal. Jules d’Essac et Mariatoké prendront peu à peu la relève. Ceux-ci jouent régulièrement avec la une, intervenant notamment sur la mise en page et la titraille. 

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L'Écho de Maréville en 1902 : jeu sur la titraille.
L'Écho de Maréville
Un rédacteur en chef farfelu

Lucas Strofe, « loufoque en chef » mystérieux

C’est principalement sous des pseudonymes que les auteurs et les illustrateurs de la revue exercent sous la direction du « loufoque en chef » Lucas Strofe. Pour trouver des éléments biographiques de ce personnage haut en couleur, la presse régionale reste la source principale.

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Portrait de Lucas Strofe, paru avec sa nécrologie dans l'Est Républicain du 29/12/1925

Lucas Strofe est le pseudonyme de Frédéric Forest comme dévoilé dans son avis de décès et dans un éloge funéraire prononcé par Emile Goutière-Vernolle, le rédacteur en chef de Nancy Artiste, au cimetière de Préville à Nancy. Poète et auteur de nouvelles, il semble avoir acquis une certaine notoriété. Un article lui est consacré dans Le Cri de Nancy. Dans l’édition de 1905 des Étrennes Nancéiennes, Osvald Leroy y décrit un homme un peu bohème, très farfelu qui lui confie se déguiser lors de la rédaction d’un article pour ressembler et se mettre dans la peau des personnes dont il parle. Le Petit Parisien du 26 décembre 1925 consacre une brève au décès du « poète chansonnier » nancéïen.

Lucas Strofe est décrit comme un solitaire. Et s'il avait été seul à la plume pour tricoter et détricoter l’actualité de son époque ?

 

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