Histoires
L'Écho de Nancy, un journal d'occupation
Juin 1940. En pleine déroute française, l’Est Républicain cesse de paraître, remplacé par l'Écho de Nancy, dont l'équipe de rédaction est allemande.
La transition
Le 14 juin 1940 paraît le dernier numéro de l’Est Républicain. Demeuré farouchement anti nazi, les dernières années du journal sont de plus en plus difficiles. Les restrictions de papier obligent l’Est à ne paraître que sur une seule feuille. L’équipe rédactionnelle est réquisitionnée, les coupures d’électricité sur Nancy rendent toute parution difficile.
Alors que les allemands entrent dans Paris, le journal se saborde. Le lendemain, c’est l’Éclair de l’Est, son concurrent, qui cesse de paraître. Le 18 juin, les allemands entrent dans Nancy, déclarée ville ouverte.
Le 8 juillet 1940, la totalité des immeubles et locaux de l’Est Républicain sont réquisitionnés par les autorités allemandes.
La naissance de l'Écho de Nancy
Avec la disparition de ses deux principaux quotidiens, la région se trouve privée d’informations écrites. C’est dans ce contexte que fut créé à Nancy le Bulletin d’information Nancy Presse, sur l’initiative de l’ancien rédacteur de l’Éclair de l’Est et des deux anciens rédacteurs de l’Est Républicain. Il paraîtra jusqu’au 3 août 1940.
Le 2 août 1940 le premier numéro de l’Écho de Nancy est mis en vente. Véritable instrument de propagande du Reich en Lorraine, il se contentera la plupart du temps de vanter la position de l’Allemagne Hitlérienne. À la différence des autres journaux collaborationnistes de l’époque, l’Écho de Nancy est dirigé uniquement par des allemands.
L'Écho de Nancy
L’Écho de Nancy va donc devenir l’unique source d’informations pour la Lorraine. Utilisant ce besoin désespéré de nouvelles, il se positionnera comme le quotidien régional des lorrains, en reprenant notamment les rubriques phares de l’Est Républicain : informations sportives, municipales, état civil…
Le journal se met au service du national-socialisme, défendant un nazisme exacerbé et les positions du maréchal, prônant l’antisémitisme et défendant Hitler jusqu’au bout (le dernier numéro paru incite encore la jeunesse à s'engager dans l'armée allemande).
L’Écho ignore les premiers revers allemands. En 1944, il a pourtant perdu de sa superbe. Imprimé sur une demi-feuille de mauvaise qualité, le ton se fait de plus en plus grave.
La fin de "l'Écho"
Le dernier numéro imprimé sur les installations de l’Est Républicain sort le 1er septembre 1944. Mais il va continuer d’être imprimé en Allemagne, jusqu’en février 1945 (fascicules absents de nos collections).
Le jour de la libération de Nancy, l’Est Républicain est à nouveau réquisitionné, cette fois au profit de la Résistance qui lui reproche d’avoir collaboré avec l’ennemi. Trois jours plus tard, la République de l’Est Libéré est imprimée sur les rotatives des locaux de l’avenue Foch.
Le 8 octobre 1944, l’Est Républicain fait son grand retour avec Jacques Zenner comme rédacteur (notre collection débute au 10 octobre).
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Sources
- Estrada, Jérôme. L’Est républicain : chronique d’un quotidien. [Houdemont] : Comité d'entreprise de "L'Est républicain", 2009.
- Criqui, Étienne (dir.) ; La prévote, Louis-Philippe ; Roth, François... Le quotidien dévoilé : "L'Est républicain", 1889-1989. Jarville-La Malgrange : Ed. de l'Est, 1990.
- Étienne, Pierre. L'Écho de Nancy : l'Est Républicain détourné par les allemands (aout 1940 - février 1945). - Nancy : Université de Nancy II, 1995.