Histoires

Le Metzer Zeitung

Paru du 20 octobre 1871 au 15 novembre 1918, le Metzer Zeitung est un journal messin en langue allemande, créé et dirigé par les frères Georges et Hermann Lang.

Le Metzer Zeitung
1871-1918

Né de l'Annexion, mort de la guerre

Une affaire familiale

Les frères Georges et Hermann Lang dirigeaient alors la prospère imprimerie typographique et lithographique du Fort Moselle et avaient installé les bureaux de la rédaction rue Serpenoise à Metz. 

Hermann, le premier directeur du journal, le définit comme un « journal pur allemand ». À sa mort précoce en 1882, son frère devient le nouveau gérant. Mais après seulement quelques années à ce poste, Georges Lang décide de se retirer à Leipzig, et les enfants de Hermann, Hans, Walter et Marguerite, reprennent le journal.

 

Un « journal pur allemand »

Une des caractéristiques principales du Metzer Zeitung, c’est son sentiment anti-français prégnant. Son surnom était d’ailleurs « la mangeuse d’indigène » (« die Zeitung » est un mot féminin en allemand), les « indigènes » en question étant les Français qui n’avaient pas fui l’Annexion. Il apporte son soutien électoral aux candidats libéraux et anticléricaux, car le cléricalisme et le nationalisme étaient perçus comme des sentiments de « l’esprit français » par la rédaction. Par ailleurs le journal soutient le pouvoir allemand et sa politique expansionniste. 

Georges Lang et Richard Zehl, rédacteur en chef de 1875 à 1898, sont proches des principales instances du pouvoir messin. Ils côtoient la Présidence, le chef de la police, le maire et le gouverneur militaire. Le pouvoir civil, incarné par le président von Hammerstein, s’inquiète tout de même de « l’orientation allemande chauvine » adoptée par le journal, d’autant que l’antisémitisme de ses auteurs n’est pas toujours dissimulé dans ses colonnes. 

Malgré cela, le Metzer Zeitung conserve une certaine liberté de plume grâce à ses positions très favorable à la politique de Bismarck, que les officiers et les fonctionnaires considèrent encore comme un héros. Richard Zehl avait même suggéré qu’on renomme le Saint Quentin en « Bismarck Höhe » (le «  sommet de Bismarck »), mais la proposition n’a jamais été sérieusement considérée par les autorités.

 

Le journal de référence des germanophones mosellans

Avec ses 5000 tirages à chaque parution, six jours par semaine, c’est le journal allemand le plus lu de Moselle. D’abord d’apparence austère, avec ses caractères gothiques et la disposition de ses colonnes qui le distinguait des journaux francophones, le Metzer Zeitung devient plus agréable à l’œil avec le temps et le nombre de rubriques augmente avec l’inclusion des nouvelles locales. 

La qualité de l’information elle aussi s’améliore, c’est d’ailleurs une tendance généralisée à toute la presse du XIXe siècle. Ainsi, le Metzer Zeitung devient le journal de référence de la communauté allemande de Metz qui peut y lire les nouvelles économiques, commerciales et sportives de la ville. Le journal fait appel aux reporters Adam Lützenberger et Georg Krömmelbeim, ainsi qu’à d’autres collaborateurs occasionnels qu’il partage avec le Lorrain et des correspondants locaux. Pour les nouvelles extérieures, le Bureau télégraphique Wolff, une agence de presse de renommée mondiale au XIXe siècle, envoyait à la rédaction des dépêches de Paris, Berlin et Strasbourg.

 

Voir tous les numéros numérisés du Metzer Zeitung.


Sources :


-    Gressel, Valérie, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale des origines à 1944, 57 Moselle, Bibliothèque nationale de France, Paris, 2009, 158 pages.
-    Roth, François, Le temps des journaux, Editions Serpenoise, Presses Universitaires de Nancy, 1983, 276 pages.
-    Barbé, Jean-Julien, Les journaux de la Moselle, Bibliographie et histoire, Imprimerie Lorraine, Metz, 1928, 72 pages.