Le premier numéro du Moniteur de la Moselle parait le 26 mars 1852. Il a été fondé par C.H. Dieu et V. Maline, qui en sont aussi les imprimeurs. Ce trihebdomadaire (mercredi, vendredi et dimanche) est caractérisé par l’aigle (très similaire à celui des armoiries du Second empire napoléonien) qui tient dans ses serres la foudre et une banderole avec l’inscription latine « Vox populi, Vox Dei » ( traduction : « la voix du peuple est la voix de Dieu »). Le Moniteur se présente comme un journal politique et administratif. Il rapporte aux lecteurs les actes de préfectures et de mairies et dispose d’un service de renseignement bien organisé dans les principales communes du département.

Le Moniteur de la Moselle
1852-1887

Le dernier journal messin antérieur à la guerre, à s'éteint sous la censure de l'Annexion

Un journal bonapartiste

Le premier rédacteur en chef du journal est Charles Bourseul, capitaine et secrétaire archiviste de la place de Metz. Il a été décoré de la légion d’honneur en 1953 pour avoir « combattu par voie de presse les idées de désordre et d’anarchie et qu’il fit preuve de résolution et de courage lors des événements du 2 décembre 1851 » (Barbé, Jean-Julien, Les journaux de la Moselle). Cette citation fait référence au coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte qui donna naissance au Second empire. Parmi les autres collaborateurs notables du journal nous pouvons citer :

  • FM Chabert qui écrivit plusieurs épisodes de « L’histoire des rues de Metz » de 1864 à 1865 ;
  • V. Lacroix et ses chroniques locales ;
  • Charles Abel, qui écrivit plusieurs études de la réorganisation de la Justice en Lorraine ;
  • Le docteur Dieu qui participa à la rédaction du journal avec des articles d’hygiène et de santé publique.

 

La « bête noire » des autorités allemandes en Moselle

En 1871, le Moniteur devient la propriété de Virgile Didiot, un courtier en assurance qui se revendique républicain et patriote. Le journal entre très rapidement dans le viseur des autorités allemandes qui entendent bien faire appliquer le « paragraphe de la dictature » de Bismarck, c’est-à-dire la possibilité de censurer les articles de presses qui iraient à l’encontre des intérêts de l’empire allemand. Il est décrit ainsi : « français, républicains, anticlérical et soutient les protestataires » (B.R. 71 AL/277 rapport administratif trimestriel). On lui reproche notamment de soutenir le député protestataire Dominique Antoine ainsi que les protestataires du Conseil municipal de Metz.

À cette persécution s’ajoute la concurrence avec un journal fraichement paru, le Messin. Avant cela le Moniteur se tirait à quelques 3 000 exemplaires. Mais avec l’apparition du Messin, Virgile Didiot envisage une fusion entre les deux feuilles. Malheureusement, des positions irréconciliables sur l’entente ou non avec les immigrés de l’empire germanique font échouer cette fusion.

En 1887, le Moniteur publie son ultime bravade : un article qui critique très fortement le septennat militaire. Le Septennat dans l'Empire allemand désigne les budgets militaires de l'époque qui sont valables pour une durée de 7 ans. Cette période est le résultat d'un compromis entre Bismarck et le parlement. Le Statthalter Hohenlohe (le « gouverneur » de l’Alsace-Lorraine de 1894 à 1907 et parent de l’empereur Guillaume II) fait définitivement interdire la parution du journal en 1887. Le Moniteur de la Moselle s’éteint. Il était le dernier journal messin ayant vu le jour avant l’Annexion.

 

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Sources :

  • Gressel, Valérie, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale des origines à 1944, 57 Moselle, Bibliothèque nationale de France, Paris, 2009, 158 pages.
  • Roth, François, Le temps des journaux, Editions Serpenoise, Presses Universitaires de Nancy, 1983, 276 pages.
  • Barbé, Jean-Julien, Les journaux de la Moselle, Bibliographie et histoire, Imprimerie Lorraine, Metz, 1928, 72 pages.
  • Wikipédia