Histoires

Courrier de la Moselle

Héritier direct du journal L’Abeille de la Moselle, Le Courrier de la Moselle est créé en 1828 par F. Blanc et absorbe l’Abeille en 1829. Ce trihebdomadaire républicain à tendance gambettiste et anticlérical sera distribué jusqu’en 1889. On peut y lire des articles politiques, sous la plume de Jean-Prosper Billaudel (avocat et préfet de la Moselle) et Auguste Rolland (peintre), agricoles, culturels, des chroniques de l’histoire locale et les actualités de la société savante de Metz par le poète Adolphe Rolland.

Courrier de la Moselle
1829-1885

La démocratie et la République comme valeurs intrinsèques

Un journal qui a traversé la monarchie, les empires et la guerre

Le Courrier de la Moselle né à la toute fin de la Restauration. Il profite ensuite de la liberté de ton accordé à la presse pendant la Monarchie de Juillet et les années qui ont suivi la Révolution de 1848. C’est une période de liberté pour l’ensemble de la presse qui n’est alors que rarement censurée en Moselle. Mais cela change avec le retour de l’Empire en décembre 1852. Le régime de Louis-Napoléon Bonaparte impose une censure stricte sur la critique de son pouvoir. Afin de ne pas être interdit de publication, le Courrier s’adapte à ces mesures. Cependant ce contrôle de la presse s’amenuisa avec le temps, sans jamais complètement disparaitre, et les journaux purent soutenir ouvertement des candidats libéraux dans leurs campagnes électorales. Jusqu’en 1870, F. Blanc resta à la tête du journal, puis il passa le flambeau à son collaborateur Ernest Réau, avec pour seule consigne de garder une ligne éditoriale en faveur de la démocratie.
La guerre de 1870-1871 entre le Second empire et l’Empire allemand isole toute la Moselle du reste de la France, très peu de nouvelles en provenance de Paris et du gouvernement traversent le front. Afin de continuer à informer les Messins, Ernest Réau parvient à récupérer cinq journaux parisiens publiés entre les 6 et 16 septembre à Paris grâce à un émissaire qui risqua sa vie en traversant les lignes de front.

 

L’Annexion : on ne prend pas les mêmes mais on recommence

La relative liberté politique que s’était accordé les journalistes du Courrier de la Moselle disparait avec l’annexion allemande. Sans jamais interdire la parution des journaux en langue française, les autorités vont prendre des mesures de censure importantes afin de diminuer leurs ventes, les obligeant à terme à mettre la clé sous la porte.

Pour éviter cela, Ernest Réau décide en 1871 de transférer l’impression et la rédaction du Courrier de la Moselle à Nancy. Le journal change alors de nom pour Le Courrier de la Meurthe-et-Moselle, mais il conserve son nom original pour ses abonnés mosellans. Il déclare le 18 juin 1871 dans les colonnes du journal : « notre attitude sera toujours celle d’un républicain qui aime son pays ». 

Malgré le déménagement de la rédaction, les autorités allemandes acceptent de laisser le journal paraitre dans les kiosques mosellans : « l’orientation du Courrier de la Moselle, bien qu’elle ne fasse preuve d’aucune appréciation positive ou amicale à l’égard du gouvernement allemand, n’a donné lieu depuis longtemps à aucun motif de plainte » (BR 65 AL/20, rapport au Président supérieur, lettre de Réau au président.). Mais le journal subit tout de même la censure : tous les numéros paraissent en Moselle avec 48 heures de retards car les autorités les font transiter par Strasbourg pour vérification.

En 1883, le Courrier de la Moselle était le journal le plus lu de Lorraine, mais son soutien au député lorrain protestataire Jules Dominique Antoine va accélérer sa chute. Le président du district de Lorraine, Hans von Hammerstein-Loxten, fait définitivement interdire le journal en Moselle en 1885. Paul Sordollet, le nouveau rédacteur en chef du journal garde une « chronique de Metz » dans ses colonnes pour les Messins exilés à Nancy. On y trouve les nécrologies, l’activité des sociétés messines et les débats de l’assemblée municipale. Malheureusement, le lectorat s’effrite au fil des mois et le journal cesse son activité le 26 janvier 1889.

 

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Sources :
-    Gressel, Valérie, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale des origines à 1944, 57 Moselle, Bibliothèque nationale de France, Paris, 2009, 158 pages.
-    Roth, François, Le temps des journaux, Editions Serpenoise, Presses Universitaires de Nancy, 1983, 276 pages.
-    Barbé, Jean-Julien, Les journaux de la Moselle, Bibliographie et histoire, Imprimerie Lorraine, Metz, 1928, 72 pages.