Nancy est libérée

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Le 15 septembre 1944, après quatre longues années d'occupation, la capitale lorraine retrouve enfin sa liberté tant attendue. Depuis trop longtemps, les habitants de Lorraine ont enduré l'occupation brutale de l'armée allemande. Les Américans sont accueillis en héros. Ils participent aux festivités en distribuant chocolats et chewing gum aux populations qui souffrent depuis longtemps de la faim.
Alors que Nancy est libérée depuis deux semaines, l'atmosphère de fête qui accompagne une telle victoire est palpable. La liberté retrouvée s'accompagne naturellement de célébrations religieuses juives. La célébration du Yom Kippour marque le début d'une nouvelle ère, et tant les croyants que les résistants chrétiens célèbrent cette nouvelle avec enthousiasme.

enfants cachés
Dans les journaux, les appels à la solidarité se multiplient, comme ici dans l'Est Républicain du 29/11/1944 où on recherche les enfants cachés.

 

La libération de Nancy représente bien plus qu'une simple victoire locale ; c'est un tournant stratégique dans la lutte pour la libération de toute la région. Depuis le début de l'occupation nazie en 1940, la proximité de Nancy avec l'Allemagne et ses infrastructures industrielles lui ont donné une importance stratégique. L’annexion de la Moselle voisine et la germanisation forcée renforçaient les tensions. En réponse, Nancy est rapidement devenue un centre actif de la Résistance. Des réseaux de résistants s’y sont développés, organisant le renseignement, des sabotages et l’aide aux réfractaires du STO (Service du travail obligatoire). Des groupes tels que le réseau « Lorraine », auquel appartenait Édouard Vigneron, figure de la résistance à Nancy, se concentraient sur la collecte d’informations stratégiques tout en organisant l’évasion de Juifs pour les aider à franchir la frontière en toute sécurité. Edouard Vigneron a permis notamment de faire en partie échouer la rafle du 19 juillet 1942 à Nancy.  

 

Avec la disparition des journaux d'occupation, une nouvelle ère s'ouvre dans le paysage médiatique français. Certains rédacteurs tentent de fuir, conscients des conséquences qui pourraient découler de leur collaboration avec l'ennemi, tandis que d'autres sont appréhendés et attendent d'être jugés pour leurs actes. 
Les journaux français de résistance reparaissent enfin, marquant un tournant dans l'histoire de la presse. Ces publications symbolisent la renaissance de la liberté d'expression et de la vérité dans un pays qui a enduré l'oppression et la censure. La libération de Nancy n'est cependant qu'une étape.

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La radio, média discrédité tout au long de l'Occupation, connaît un nouvel essor.

Les batailles font encore rage dans toute la Lorraine, et il faut rester vigilants et engagés dans la lutte. L’heure des réjouissances est courte. Dans les colonnes des journaux qui reparaissent, la libération de Nancy n'est que peu relayée, même si on s'intéresse à la façon dont la nouvelle est traitée dans la presse américaine. Partout on peut lire des appels à la mobilisation pour libérer la Lorraine. L'Éclair de l'Est rend un vibrant hommage aux alliés, et rappelle la nécessité de rétablir l'unité nationale, sous le drapeau français orné de la croix de Lorraine.

Contenu du Nancy est libérée
Contenu du Nancy est libérée

Le 25 septembre 1944, après avoir prévenu la veille, le général De Gaulle entre dans Nancy. La presse libérée est présente : c’est L’Éclair de l’Est qui relate les événements. Ce jour-là, il pleut, mais la ferveur populaire défie les éléments. On ne peut plus se déplacer autour du Point central, et « des grappes humaines » s’accrochent aux grilles de Jean Lamour sur la place Stanislas pour entendre le discours prononcé du haut du balcon de l’Hôtel de Ville. Aux premiers rangs se trouvent les FFI (Forces françaises de l'intérieur) dont la bonne tenue est saluée par le général et de jeunes Lorraines en costume traditionnel. Le discours est annoncé par Maurice Schumann, « la voix de la résistance », dont les Nancéiens découvrent avec émotion le visage après l’avoir entendu à la radio, sous les auspices de l'architecte Jean Prouvé qui a été désigné maire de Nancy quelques jours plus tôt. Hommage est rendu à Louis Marin, qui se trouve encore à Londres et n’arrive à Nancy que le 14 octobre. Le discours de De Gaulle exhorte les habitants à soutenir l’effort de guerre qui continue et à préparer l’avenir par le travail et l’union. La Marseillaise et la Marche lorraine concluent cette séquence. Il quitte Nancy dès le lendemain. La presse reproduit in extenso son discours les jours suivants afin de marquer les mémoires.