La déclaration de guerre de 1870
provoque de nombreuses réquisitions, et les journaux cessent de paraître pour la plupart dès le début de la guerre. Un Moniteur est publié en langue française par les autorités allemandes. Après la guerre, les journaux et revues traduisent l’évolution de la société : l’enseignement obligatoire laïc et gratuit, le suffrage universel, mais aussi l’anti-judaïsme et l’idée de revanche. La liberté de la presse devient totale à partir de 1881, avec la République des républicains. De nombreux journaux qui étaient à l’origine des feuilles électorales sont développés ensuite, comme l’Est Républicain, et la presse militante connaît des inflexions pour devenir une presse d’information générale. La baisse des coûts de fabrication et la généralisation de l’instruction favorisent la diffusion du journal. Sa lecture quotidienne en ville, hebdomadaire chez les ruraux devient une habitude sociale qui favorise l’augmentation rapide des titres et des tirages.
L’orientation politique des journaux
Les journaux expriment les débats politiques : L’Espérance continue à exprimer les opinions catholiques et de centre-droit, les monarchistes lisent le Journal de la Meurthe et des Vosges. L’Éclair de l’Est publie des feuilletons d’auteurs catholiques et conservateurs, comme Le Blé se lève de Bazin.
Du côté des Républicains de centre gauche, on lit l’Est Républicain, dont le premier numéro est publié le 5 mai 1889. Le Progrès de l’Est cède la place à L’Étoile de l’Est.
L’Impartial de l’Est perd quant à lui du terrain. Les campagnes des journaux permettent une intervention directe dans la vie politique : Léon Goulette, patron de l’Est Républicain, favorise ainsi les débuts de Louis Marin qui est élu député en 1905.
Dans la Meuse conservatrice, l’action des journaux est également sensible. L’Indépendance de l’Est (16 mars 1872) est fondée par les Républicains pour convertir les esprits. Grâce à une presse très active dans chaque arrondissement, les Républicains gagnent les municipales en 78 et en 80. Néanmoins, le département demeure très catholique, et la Croix meusienne passe de 2500 exemplaires en 1892 à 13000 vers 1900.
Les grandes affaires
Les affaires qui secouent la IIIe République sont reflétées par les journaux et ont une influence sur eux, notamment la montée du boulangisme. Le jeune Maurice Barrès fait ainsi du Courrier de l’Est (1889-1898) le fer de lance de sa campagne électorale. Le journal disparaît ensuite, lorsqu’il ne se représente pas. Pour combattre les boulangistes, l’Est Républicain est créé en 1889, tirant à 1200 exemplaires, et devient un concurrent direct du Progrès de l’Est.
L’affaire Dreyfus bouleverse également le paysage de la presse en introduisant un clivage dans la majorité républicaine déjà fissurée par le boulangisme : les révisionnistes quittent l’Est Républicain et fondent l’Étoile de l’Est, dont le premier numéro paraît le 2 janvier 1901, notamment avec Émile Gallé.