Évolution et diversification
La diversification des périodiques
Dans le département, de multiples publications apparaissent, avec des journaux de circonstance, ainsi à l’occasion de l’Exposition internationale de l'Est de la France. On compte également des journaux émanant d’associations, de syndicats, et le développement de la presse d’arrondissement, avec L’Écho Toulois par exemple. Les catholiques lisent La Croix de l’Est. Une presse ouvrière prend naissance avec Le Réveil des travailleurs de l’Est. La Revue industrielle de l’Est donne des informations économiques et s’adresse aux patrons de l’industrie.
La presse spécialisée apolitique prend surtout un fort essor, et elle a des lecteurs au-delà du département. C’est notamment le cas de la presse agricole, comme Le Bon Cultivateur ou le Bélier. Le Cri de Nancy, journal satirique, contribue également à cette diversité.
Dans les autres départements également, on voit apparaître une presse diversifiée en cette fin du XIXe. C’est notamment le cas dans les Vosges où le tourisme se développe, accompagné par la parution de publications comme Gerardmer-saison, ou par les parutions des stations thermales. La Chevauchée, journal féministe, y voit également le jour. Après la guerre, on remarquera l’importance du développement du sport dans les Vosges, avec Le Stadiste (mensuel) par exemple.
Les évolutions formelles
Le succès des journaux dépend de leur capacité à s’adapter aux évolutions techniques et à tirer parti de la publicité. L’Est Républicain collecte ainsi une importante publicité qui lui permet d’être rentable, grâce à la banque Renauld par exemple. Le journal compte des faits-divers, une chronique de l’Est, une chronique parisienne, et des informations sur l’Alsace Lorraine. Goulette, directeur de L'Est Républicain, ouvre également aux Nancéiens, dans ses locaux, une salle d‘exposition et modernise son matériel. En 1914, il a une imprimerie performante et tire 6 éditions.
La mise en page des journaux dépend des évolutions industrielles, qui permettent une diminution des prix induisant une vente au numéro plus fréquente. La production s’accélère et s’intensifie peu à peu grâce à une fabrication industrielle du papier, et à l’apparition des presses mécaniques puis rotatives dans les années 1870. L’imprimerie de presse, à l’inverse de l’imprimerie de labeur qui produit les beaux livres, travaille dans une grande urgence, avec des erreurs, des caractères serrés, et un papier de moindre qualité.
Les titres ne débordent jamais la largeur de la colonne à cause des contraintes de composition, celle-ci demeurant manuelle. Les journaux organisent de plus en plus l’espace de la page à l’aide de plus nombreuses colonnes : L'Est Républicain en compte ainsi cinq puis six en 1918, là où la plus ancienne Espérance n’en comptait que trois. Les titres se développent également : alors que les journaux antérieurs se contentaient de traits de séparation ou de noms de rubriques, les titres commencent à donner des informations quant au contenu.
Néanmoins, à cette période, les titres aident la lecture plutôt que d’accrocher l’œil et créer des effets d’annonce.
Des journaux de plus en plus illustrés
Les images gagnent de plus en plus de place au cours de la période : la lithographie est mise au point vers 1820, mais l’illustration dans la presse locale reste rare dans la première moitié du siècle. On assiste à l’essor de la caricature et du dessin d’information. Puis c’est la photographie qui apparaît, avec des interviews photographiques et des récits de guerre. À partir de 1892, L’Impartial de l’Est diffuse un supplément illustré. Nancy artiste, revue hebdomadaire artistique créée pour mettre en valeur les arts nouveaux lorrains, multiplie les illustrations en phototypie. Nancy illustré (1913-1914), un mensuel « mondain, thermal, littéraire, artistique, sportif », réunit toutes les caractéristiques de la modernité : magazine abondamment illustré, imprimé soigneusement sur un papier glacé, destiné à la clientèle fortunée que vise l’ouverture de l’établissement Nancy-Thermal à l’aube de la Première Guerre mondiale. Il s’inspire du programme de La Vie lorraine illustrée (1903-1905), publié une dizaine d’années plus tôt avec des objectifs similaires.
L'évolution formelle de L'Est Républicain en quelques dates
1924 : L'Est Républicain installe son propre atelier de photogravure sous la forme de la société Photogravure de l’Est. Il s’agit d’une innovation dans la presse de l’époque. En 1934, il sert à publier notamment L’Est illustré, supplément du samedi tout photographique.
1948 : Modernisation de la composition de l’Est Républicain, sur 8 colonnes avec de nombreuses illustrations et une hiérarchisation plus formelle des titres.
1949 : Nouvelle sensation nationale grâce à l’acquisition d’un bélinographe (transmission des photographies par fil) par l’Est Républicain.
Dans les années 1950, apparition des téléscripteurs et des cartes perforées de mécanographie, ancêtres des ordinateurs.
1969 : Apparition de la photocomposition (1er article photocomposé en 1974)
1985 : Déménagement à Houdemont
1987 : Première page montée sur écran d’ordinateur à Besançon et sortie à Nancy via transmission informatique