La presse régionale depuis 1945

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La presse quotidienne régionale est en régression à partir de 1945.

On constate à la fois une érosion des tirages et une diminution des titres. Après la Libération, on assiste à une profusion de titres, mais la pénurie de papier et les problèmes de personnels sont problématiques : certains journaux, trop petits pour survivre comme L’Éclair de l’Est, disparaissent, de même que les organes des partis politiques. Ou plutôt, ils sont absorbés progressivement par deux grands journaux fortement implantés sur leurs bases géographiques, à la concurrence sans merci : L’Est Républicain de Léon Chadé depuis Nancy, et Le Républicain lorrain de Victor puis Marguerite Demange depuis Metz. À partir des années 1950, un mouvement de concentration se dessine à leur profit. Si les positionnements politiques sont lissés, la presse conserve néanmoins un certain pluralisme par rapport à la radio ou à la télévision.

Ce déclin de la presse quotidienne s’explique en partie par l’absence de renouvellement du lectorat. La presse quotidienne nécessite un système de distribution performant car ses contenus sont périssables, et les économies d’échelle sont difficiles à obtenir pour les quotidiens, à cause du coût du papier et de la difficulté à réduire celui de la main d’œuvre intellectuelle. 

Néanmoins, le chiffre d’affaires de la presse régionale augmente, à l’inverse de celui de la presse nationale. Cette croissance s’explique par l’augmentation des ressources publicitaires, qui représentent plus de 40 % des ressources des quotidiens, dans une multiplication des suppléments qui leur font la part belle.

Le poids de L’Est Républicain

Des joutes territoriales commencent après la Libération, et des accords divers sont passés entre les journaux pour survivre, avec des pages réalisées en commun, ou l’utilisation d’une seule machine rotative pour plusieurs journaux. Le Lorrain est transformé en édition mosellane de L’Est Républicain, mais, trop élitiste, il ne parvient pas à percer. L’Éclair de l’Est, devenu un hebdomadaire à cause de ses difficultés financières, conclut un accord avec L’Est Républicain qui imprime, diffuse et fournit les informations locales et sportives pour le journal. Il porte le titre de Dimanche Éclair, ou édition dominicale de L’Est. 
 
Cette concentration est également géographique. Dans les années 1960, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle rassemblent plus de 75% des tirages de quotidiens. Les régionaux aux éditions multiples ont tendance à supplanter ceux qui ont une zone de diffusion plus étroite.
Le Républicain lorrain domine alors en Moselle, L’Est Républicain en Meuse et en Meurthe et Moselle. Dans les Vosges, L’Est Républicain menace La Liberté de l’Est

En 1961, le Républicain lorrain et L'Est Républicain se mettent d’accord pour limiter les effets pervers de la concurrence par des règles de bonne conduite sur les Une et la limitation de la pagination. En 1971, ils vont jusqu’à conclure des accords de non-concurrence sur certains territoires. Le Républicain lorrain entre ensuite dans le capital de son voisin, et menace de prendre le contrôle du journal pour finalement céder la place au groupe Hersant.
En 1999, L’Est Républicain achète La Liberté de l’Est d’Épinal. En 2006, le groupe Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (EBRA) est créé grâce au rachat par L’Est Républicain et la banque Crédit mutuel d’un groupe de presse implanté dans l’Est de la France, puis par le rachat du Républicain lorrain. En 2009, le Crédit mutuel rachète ses parts au président d’EBRA Gérard Lignac et devient actionnaire unique du groupe. 

Les clés de la permanence de la presse régionale quotidienne

Les quotidiens mettent en œuvre des évolutions techniques, ils favorisent la couleur et épurent la mise en page pour se rapprocher des magazines. La révolution du passage du L'Est Républicain au format tabloïd en 2016 et du Républicain lorrain en 2018 révèle la volonté de s’adapter aux modes de vie des lecteurs. 

Ces journaux gardent une vocation très généraliste malgré leur aspect local. Ils tolèrent la presse gratuite mais s’opposent à la presse hebdomadaire régionale, secteur à forte croissance qu’ils n’ont pourtant pas cherché à occuper.  Ainsi, lorsque La Semaine commence à paraître en 2005, le Républicain lorrain lance un gratuit pour la contrer, ToutInfo. Des périodiques féminins voient également le jour, comme Version Femina ou Nancy Femme

Face aux autres médias comme la télévision et la radio, ils acquièrent un rôle de conseil et de prescription en donnant le programme et en faisant des critiques dans leurs pages internes. Les suppléments hebdomadaires comme TV hebdo jouent également ce rôle. 

La crise de la vente au numéro est l’un des défis actuels de cette presse régionale. La concurrence d’internet est moins problématique que pour la presse nationale, et les quotidiens régionaux ont davantage le temps de s’adapter à ces évolutions. 

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