La presse satirique à Nancy
A Nancy, il faut attendre la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle, avec l’essor local de la lithographie comme procédé d’illustration à faible coût, pour voir apparaître cette presse de niche, d’existence très courte, souvent le fait d’étudiants avancés qui commencent à gagner leur vie comme journalistes. C’est pourquoi la satire locale est faite d’humour potache où l’on se moque gentiment des notables (politiques), des célébrités (académiciens) et des professeurs de l’université, c’est-à-dire des gens sérieux.
Beaucoup de ces articles humoristiques et dessins satiriques nous sont difficiles à interpréter car ils renvoient à des événements, des affaires, des anecdotes qui ne sont pas pour la plupart restées dans l’histoire.
Trois titres sont principalement exploités :
L’Écho de Maréville (1899-vers 1925), « journal loufoque illustré et peu littéraire, paraissant à l'improviste : fondé pour ennuyer les gens graves », publié par Lucas Strofe et imprimé chez Louis Kreis, qui devient ensuite La Cloche de bois, publié par Mariatoké (1926), un autre pseudonyme. Maréville désigne l’asile psychiatrique situé sur la commune voisine de Laxou. Le journal prétend faire la chronique de la vie politique et économique locale comme si ses acteurs en étaient les pensionnaires farfelus, et en singeant les rubriques d’un quotidien classique (politique, chronique mondaine, offres d’emploi, courrier des lecteurs, fausses réclames etc.).
Le Cri de Nancy (1908-1909) ne compte que 6 mois d’existence mais un parti pris d’ « amuser sans blesser personne », surtout connu pour sa galerie de caricatures de personnalités locales, politiques, artistiques ou économiques, en une. Les articles et dessins sont signés de pseudonymes tels que Sherlock Holmes, Virgile, derrière lesquels on reconnaît le dessinateur Pierre Roger Claudin ou le journaliste et historien Émile Badel. Richement illustrés, les numéros comportent plusieurs portraits satiriques de personnalités nancéiennes, dotés d’une grosse tête posée sur un petit corps.
L’Ortie (1924-1927), dirigé par Henri Schwob, donne davantage dans la critique de la politique nationale et des débats du Parlement.